Je ne peux que parler de mon vécu, mais je suis certaine que plusieurs se reconnaîtront.
Dans l’échelle de l’évolution, nos parents nous ont potentiellement donné meilleur que ce qu’ils ont reçu. Malheureusement pour plusieurs, beaucoup des valeurs qui nous ont été transmises se sont avérées pauvres dans certains domaines. On s’entend que les générations précédentes avaient bien des bouches à nourrir, souvent avec un seul salaire et des moyens limités. Apprendre à s’aimer, se respecter, exprimer ses limites, se valoriser, se faire reconnaître, se faire encourager et échanger ouvertement ont donc souvent été négligés au profit des besoins de base comme se nourrir, se loger, se vêtir et être poli. Beaucoup de survie, de faire, de paraître et d’avoir, et bien peu de place pour élever l’être et apprendre à gérer ses émotions.
Lorsqu’on travaille des problématiques de dépendance avec nos clients, un travail d'éducation à cet égard mérite une attention particulière. On veut développer de nouvelles compétences pour vivre en fonction de ses aspirations. Quelles sont mes valeurs? Est-ce que je vis quotidiennement en fonction d’elles? Sinon, qu’est-ce qui m’en empêche? Qui suis-je? Qu’est que je veux pour moi? Comment retrouver ma place, arrêter de me sentir perdue, de tourner en rond, de m’auto-saboter ou de recréer les mêmes patterns insatisfaisants.
Comme mon Coach de sobriété le disait si bien, tout ce qui est extérieur à toi peut t’exploser au visage demain matin. Si tu n’as pas une relation solide avec ton être, les chances sont bonnes pour que ça t’ébranle violemment.
C’est la même chose pour la consommation de substances ou les comportements toxiques qu’on perpétue malgré la souffrance occasionnée. Tu te rejettes tellement intérieurement qu’aucun baume ne saura remplir ce vide intérieur, ce trou sans fin, ce mal d’aimer que tu souhaiterais tant obtenir d’un autre humain. En étudiant avec Dr. Gabor Maté j'ai compris que la dépendance affective était notre premier conditionnement. Dès notre naissance nous sommes programmés pour exister et être validés dans le regard de l'autre. Dans le jargon thérapeutique on entend d'ailleurs souvent dire que la dépendance affective est la mère de toutes les dépendances.
Personnellement, j’ai longtemps accepté des miettes d’amour parce que je m’aimais autant qu’une miette. J’ai donc consacré religieusement les 8 premières années de mon rétablissement à mon abstinence, ma sobriété, mon discernement, le non-jugement et surtout, à apprendre à m’aimer. Aujourd’hui, je vis la plus belle histoire d’amour avec moi-même, et depuis 5 ans, avec mon Andrew chéri, un des plus beaux humains que je connaisse.
Par une pratique quotidienne de la méditation, j'arrive à être témoin de mon mental et mon dialogue intérieur. Je comble éventuellement mes besoins d'amour, de compassion, d'acceptation, de plaisir, de paix et de joie sans avoir recours à des paramètres extérieurs à moi. Et si une merde m'arrive, je l'accueille sans la dramatiser davantage. J'évite ainsi de grandes déceptions et récupère un très grand pouvoir sur ma vie.
On peut définitivement se sortir de l’enfer de la dépendance affective et de toute autre forme d’addiction mais comme n’importe quoi, les résultats obtenus sont à la mesure des efforts investis. Pour savoir si vous souffrez d'une dépendance affective, vous pouvez faire un test à cet égard. Il existe aussi plusieurs lectures sur le sujet dont les livres de Melody Beattie, une pionière dans le domaine.
Frères et soeurs de brosses affectives et de rétablissement, que l’amour soit avec vous... et avec votre esprit.
Ainsi soit-il,
Geneviève,
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